The Radiant Child
par Mona Benaïssa
C'est dans la galerie Gagosian, fondée en 1979 à New York par Larry Gagosian, que 59 oeuvres de Jean-Michel Basquiat ont été sélectionnées afin d'être exposées en ce printemps 2013. Ces oeuvres sont accueillies dans une galerie très épurée, laissant place à toute l'énergie du célèbre artiste américain. Le blanc des murs et la simplicité de l'aménagement permettent de faire ressortir l'intensité des couleurs et des textures qui véhiculent un travail engagé. Par les différentes textures qu'il utilise, par ses diverses inspirations ethniques et par les nombreuses combinaisons visuelles qu'il fait dans ses collages, Basquiat représente bien l’énergie des artistes graffiteurs des années 80 (Keith Haring, Kenny Scharf...), énergie débordante qui réussit encore aujourd’hui à toucher le public.
Toutes les œuvres de Basquiat véhiculent une même idée : une critique violente de toutes les facettes de notre société. En utilisant la totalité de l'espace présent sur les toiles, son impulsivité prend de dessus (il se fait même surnommer l'«artiste schizophrène»). Basquiat incarne presque une marque de commerce : ses œuvres sont identifiables parmi des milliers, chacune d'entre elles reste unique avec une technique, un style, des matériaux et un message propres. Il critique l'histoire, le racisme à travers l’histoire et dans le monde contemporain, et tente de combattre les préjugés envers les noirs en se servant paradoxalement d'un art presque primitif, sauvage, duquel émanent des sources d’inspiration africaine. C'est aussi en mélangeant tout cela avec un art presque enfantin, candide, à un art rempli de rage (textures marquées et couleurs vives) que l'artiste vient chercher le spectateur.
Il ne vient pas seulement toucher les gens, il vient aussi les faire réfléchir. L'idée simple de raturer des mots sur ces œuvres, de les répéter plusieurs fois sur une même toile, ou même d'en inventer, tout cela vient piquer la curiosité de ceux qui observent son travail. C’est le cas dans son œuvre Cassius Clay, exposée à la galerie Gagosian, oeuvre qui fait référence aux célèbres boxeurs Mohamed Ali (Cassius Clay était son nom à la naissance) et à Floyd Patterson (tous deux sont des hommes noirs). Basquiat répète plusieurs fois leurs noms sur la toile, noms qu'il rature. Parle-t-il du fait que l’histoire a tendance à effacer l’apport des noirs à l’histoire et à la culture? Ou bien que les noirs ont pu se faire reconnaître lorsqu’ils ont pu distraire le public blanc, parfois au péril de leur vie? S'il manifeste tant de colère et d'agressivité en les transcrivant plusieurs fois sur la toile, et en les raturant, c'est que ces noms cristallisent un regard particulier sur la condition des noirs en Occident. Un autre exemple de cela: son œuvre The Radiant Child, représentant un homme noir assis sur un squelette blanc, met en évidence son opinion sur le racisme. Renversant les rapports de pouvoir, il représente l'homme noir supérieur, plus fort que l’homme blanc.
C'est avec cet art instinctif, sauvage, que sa critique de la société se fait plus clairement. La couronne qui lui sert de signature, tag de graffiteur, rappelle la société de consommation, la publicité et tout ce système de logos et de marques.
Certaines œuvres jouent plus sur la simplicité et la pureté pour créer un impact sur le spectateur. Prenons comme exemple la peinture Now's the time. Il s'agit d'un large cercle noir, représentant un disque vinyle où les mots « Now's the time » suivis d'un signe de droits d'auteur sont tracés en acrylique blanc, puis les lettres « PRKR », faisant référence à Charlie Parker (qui est aussi un homme noir), saxophoniste américain (auteur de la chanson Now's the time). Le sens de cette œuvre n'est pas clair, ni précis. L'interprétation est donc libre et propre à chaque personne. Certains pourraient penser que son travail est postmoderne et qu’il traite de la disparition des barrières entre les différents types d'arts (dans ce cas, il s'agit de la peinture et de la musique).
L'art de Jean-Michel Basquiat prend énormément de place sur le marché de l'art actuel. Par la vivacité de son travail, il tente de véhiculer des messages qui ont rejoint un public devenu sensible à sa révolte contre la société de son époque. Il traite de plusieurs aspects de cette société : le racisme, la consommation de masse, la violence, etc. Que ce soit par les textures, les couleurs, ou les mots qu'il utilise, une chose est certaine, Basquiat fait de son art un art unique.
C'est dans la galerie Gagosian, fondée en 1979 à New York par Larry Gagosian, que 59 oeuvres de Jean-Michel Basquiat ont été sélectionnées afin d'être exposées en ce printemps 2013. Ces oeuvres sont accueillies dans une galerie très épurée, laissant place à toute l'énergie du célèbre artiste américain. Le blanc des murs et la simplicité de l'aménagement permettent de faire ressortir l'intensité des couleurs et des textures qui véhiculent un travail engagé. Par les différentes textures qu'il utilise, par ses diverses inspirations ethniques et par les nombreuses combinaisons visuelles qu'il fait dans ses collages, Basquiat représente bien l’énergie des artistes graffiteurs des années 80 (Keith Haring, Kenny Scharf...), énergie débordante qui réussit encore aujourd’hui à toucher le public.
Toutes les œuvres de Basquiat véhiculent une même idée : une critique violente de toutes les facettes de notre société. En utilisant la totalité de l'espace présent sur les toiles, son impulsivité prend de dessus (il se fait même surnommer l'«artiste schizophrène»). Basquiat incarne presque une marque de commerce : ses œuvres sont identifiables parmi des milliers, chacune d'entre elles reste unique avec une technique, un style, des matériaux et un message propres. Il critique l'histoire, le racisme à travers l’histoire et dans le monde contemporain, et tente de combattre les préjugés envers les noirs en se servant paradoxalement d'un art presque primitif, sauvage, duquel émanent des sources d’inspiration africaine. C'est aussi en mélangeant tout cela avec un art presque enfantin, candide, à un art rempli de rage (textures marquées et couleurs vives) que l'artiste vient chercher le spectateur.
Il ne vient pas seulement toucher les gens, il vient aussi les faire réfléchir. L'idée simple de raturer des mots sur ces œuvres, de les répéter plusieurs fois sur une même toile, ou même d'en inventer, tout cela vient piquer la curiosité de ceux qui observent son travail. C’est le cas dans son œuvre Cassius Clay, exposée à la galerie Gagosian, oeuvre qui fait référence aux célèbres boxeurs Mohamed Ali (Cassius Clay était son nom à la naissance) et à Floyd Patterson (tous deux sont des hommes noirs). Basquiat répète plusieurs fois leurs noms sur la toile, noms qu'il rature. Parle-t-il du fait que l’histoire a tendance à effacer l’apport des noirs à l’histoire et à la culture? Ou bien que les noirs ont pu se faire reconnaître lorsqu’ils ont pu distraire le public blanc, parfois au péril de leur vie? S'il manifeste tant de colère et d'agressivité en les transcrivant plusieurs fois sur la toile, et en les raturant, c'est que ces noms cristallisent un regard particulier sur la condition des noirs en Occident. Un autre exemple de cela: son œuvre The Radiant Child, représentant un homme noir assis sur un squelette blanc, met en évidence son opinion sur le racisme. Renversant les rapports de pouvoir, il représente l'homme noir supérieur, plus fort que l’homme blanc.
C'est avec cet art instinctif, sauvage, que sa critique de la société se fait plus clairement. La couronne qui lui sert de signature, tag de graffiteur, rappelle la société de consommation, la publicité et tout ce système de logos et de marques.
Certaines œuvres jouent plus sur la simplicité et la pureté pour créer un impact sur le spectateur. Prenons comme exemple la peinture Now's the time. Il s'agit d'un large cercle noir, représentant un disque vinyle où les mots « Now's the time » suivis d'un signe de droits d'auteur sont tracés en acrylique blanc, puis les lettres « PRKR », faisant référence à Charlie Parker (qui est aussi un homme noir), saxophoniste américain (auteur de la chanson Now's the time). Le sens de cette œuvre n'est pas clair, ni précis. L'interprétation est donc libre et propre à chaque personne. Certains pourraient penser que son travail est postmoderne et qu’il traite de la disparition des barrières entre les différents types d'arts (dans ce cas, il s'agit de la peinture et de la musique).
L'art de Jean-Michel Basquiat prend énormément de place sur le marché de l'art actuel. Par la vivacité de son travail, il tente de véhiculer des messages qui ont rejoint un public devenu sensible à sa révolte contre la société de son époque. Il traite de plusieurs aspects de cette société : le racisme, la consommation de masse, la violence, etc. Que ce soit par les textures, les couleurs, ou les mots qu'il utilise, une chose est certaine, Basquiat fait de son art un art unique.